Stéphane DUFRANE
Le Boullongne
Vaisseau de 600 tx.
Contexte historique
Stéphane Dufrane réalise depuis quelques années une très belle version du Boullongne au 1/48e . Certes classique, cette charpente tout en finesse n’a rien à envier aux grands modèles qui bénéficient d’un bien meilleur confort de réalisation, spécialement dans les parties intérieures du bâtiment. Nous vous invitons donc à visiter cette petite flûte de la Cie des Indes , dans son état actuel de construction.
Le Boullongne a été construit par Gilles Cambry fils à Lorient en 1758 pour le compte de la Compagnie française des Indes. Il prend le nom de Jean de Boullongne, fils du premier peintre du roi Louis XV, anobli en 1724 et administrateur de la Compagnie de 1757 à 1759.
Ce navire de 600 tonneaux de capacité est armé en flûte, c'est-à-dire que le premier pont n'est pas armé, et seuls quelques sabords de charge sont percés au niveau de celui-ci.
Le Boullongne mesure 36 mètres de long de l'étrave à l'étambot, pour une largeur de 9,70 mètres. Il dispose de 20 canons de VI livres à la seconde batterie pour sa défense et est armé par un équipage de 138 hommes.
Les 600 tonneaux embarqués représentent le fret, les vivres, l'eau, le matériel de rechange, le lest et le bois de chauffage. Le Boullongne quitte le port de Lorient le 31 mars 1759 pour un premier voyage aux Indes.
Le 27 décembre 1761, au cours de son second périple, il est capturé par une frégate anglaise et terminera sa carrière dans la Royal Navy.
Caractéristiques
- Longueur de tête à tête : 126 Pi
- Longueur de la quille : 112 Pi
- Largeur au Maître couple : 30 Pi
- Creux au Maître couple : 11 Pi 8 Po
- Port en lourd : 600 tx.
- Armement : 20 canons de 6 £.
- Equipage : 138 hommes.
- Etat-major : 6 officiers, un écrivain, un aumônier et un chirurgien-major.
Vue de la partie tribord laissée en bois tors
La réalisation du modèle est basée sur l'ouvrage traitant de la Compagnie des Indes Française, Jean Boudriot à intégré une monographie traitant d'un vaisseau représentatif de ce commerce dans son ouvrage. Le modèle est basé sur le plan de capture Anglais détenu par le National Maritim Museum. Le dossier mise dehors du Boullongne est l'autre document donnant le détail des emménagements, des rechanges et de tous les ustensiles embarqués sur le vaisseau de commerce pour une campagne.
La charpente des ponts
Vue de l’avant au niveau du premier pont ; remarquons la fermeture de l’avant et l’absence de coltis, disposition qui se rencontre parfois sur les vaisseaux marchands et les bâtiments de guerre d’un rang inférieur aux frégates
( cfr dictionnaire de B.Ollivier). A ce stade le pont est prêt à être bordé.
L'étambrais du mât de misaine et en arrière une hiloire renversée soutenant les baux entre l'étambrais et l'écoutille à eau.
Tambour d’accès de la cale à eau ( la grande cale à marchandises s’étend encore de part et d’autre de ce réduit).
De gauche à droite : la grande écoutille aux marchandises en avant de l'archipompe suivie par l'écoutille arrière. (dans la marine de guerre, cette ouverture donne normalement accès au plancher du maitre valet ou l'on fait la distribution journalière des vivres.)
L'étambrais du grand mât avec ses quatre ouvertures pour les pompes. En avant l'entrée pour le petit parc à boulet qui est accessible depuis le premier pont.
Vue en enfilade de la partie avant au niveau du premier pont ; les aiguillettes de porques sont ici bien visibles, ceux ci soutiennent en partie haute la bauquière du second pont. On peut également suivre l'évolution de la bauquière en partie avant, en effet les premiers baux de l'avant plongent pour pouvoir percer les écubiers au niveau du bordage de ce pont.
Vue en plan de la partie arrière du premier pont, sur lequel apparaissent les carlingues du grand cabestan et du mât d’artimon. À l’extrême droite, on aperçoit la petite écoutille servant d’accès aux biscuits et aux poudres.
À l’avant-plan, nous distinguons encore une partie de la carlingue de l’artimon, suivie par la petite écoutille aux biscuits ; au fond, une dernière ouverture : il s’agit de l’écoutillon du maître canonnier. Sur la paroi arrière, nous remarquons aussi les courbes de liaison au niveau de la lisse d’hourdi et de la barre d’arcasse.
Détail montrant l’extrême degré de finition du travail de Stéphane, menuisier de son état, mais aussi modéliste expérimenté... Les deux métiers n’allant pas nécessairement de pair.
Vue en plongée de la partie arrière du premier pont.
La même partie du premier pont en enfilade ; remarquez la conduite des lisses, hiloires et entremises.
Vue d'ensemble du second pont matérialisé par les baux mis provisoirement en place, les gouttières maintiennent le tout en place.
La muraille côté tribord
Vue générale de la coque en bois tors, vue côté tribord.
À gauche, un des petits sabords de ventilation de l’entrepont ; à droite, un sabord normal qui ne sera pas armé comme cela est prévu pour les flûtes. En toute logique, son seuillet devrait normalement couvrir l’épaisseur de la préceinte, afin d’éviter les entrées d’eau intempestives…
Mais en pratique, le modéliste ne le fait pas systématiquement, en raison de l’importance croissante de l’entaille qui devrait être pratiquée dans ces pièces de liaison ; d’autant plus que dans notre cas, la monographie n’indique pas ce recouvrement ; la question reste ouverte....
Très belle vue de la transition du bordage à la hauteur de la lisse d’hourdi ; la dernière virure courbe qui termine l’écusson rond est généralement une pièce de tour, à cause de la brusque déviation qu’il est nécessaire de lui donner.
À noter également l’inclinaison des montants de la porte des bouteilles, signe qu’à cet endroit, les remplissages et dernières allonges de la membrure devraient être inclinés de la même façon que le tableau arrière…Ici aussi, le modéliste respecte les indications fournies par la monographie. Heureusement, cette partie haute sera généralement recouverte par le bordage et le vaigrage, de sorte que le problème disparaîtra de lui-même.
La poupe du Boullongne montrant le premier couple de l'avant dévoyé et les allonges d'écubiers qui montent jusqu'au niveau du gaillard avant pour donner la configuration d'un vaisseau à l'avant fermé, ceci implique le percement des portes de poulaine dans la membrure des allonges pour pouvoir accéder à la plateforme de poulaine.
Vous voyez ici toute la charpente de l’arcasse de notre petit vaisseau ; à noter que le trou de jaumière pratiqué dans le massif de la voûte est rond dans l’axe de l’étambot, mais qu’il apparaît ovale à cause de l’inclinaison de cette voûte. Cette ouverture permettra le passage de la mèche du gouvernail et sera rendue étanche par du cuir ou de la toile goudronnée et plissée pour ne pas entraver les mouvements de ces pièces mobiles, un peu à l’image du levier de vitesses à bord de nos véhicules modernes