Alain WERNIMONT
Le Duc de Duras
Vaisseau de 900 tonneaux de la Compagnie de Indes.
Contexte historique
Construit à Lorient en 1765 d’après le plan dressé par Antoine Groignard, ce vaisseau était destiné d’abord au commerce avec la Chine mais pouvant être transformé rapidement en vaisseau de guerre en cas de nécessité pour épauler les vaisseaux royaux. A cette fin, dès 1755, des constructeurs royaux tels qu' Antoine Groignard furent affectés aux constructions à Lorient, jusqu’en 1770, année de dissolution de la Compagnie des Indes après 50 années de monopole.
Le vaisseau effectuera deux voyages en Chine pour le compte de la compagnie, le premier armement date de 1766, directement après son lancement, le second à été effectué en 1769.
A son retour de Chine, la compagnie des Indes est dissoute, toutes les installations ainsi que les vaisseaux passent à la marine royale. Au service du Roi, le vaisseau effectuera encore un voyage en Ile de France armé en flûte avant d’être vendu à des armateurs privés en 1771. La construction du modèle est basée sur la monographie du Bonhomme Richard, vaisseau corsaire « offert » en 1779 par le Roi à la jeune nation américaine.
Caractéristiques
Plan schématique, donnant une vue générale de l’aspect extérieur combiné avec les emménagements intérieurs.
Quelques données chiffrées.
- Longueur de l’étrave à l’étambot : 145 pied
- Largeur au maître-bau : 36 pied 8 pouce
- Creux : 15 pied
- Capacité : 900 tonneaux
- Armement en temps de paix : 20 canons de 8 £ au 2ème pont.
- Equipage, état-major compris :160 hommes dont 9 officiers.
Vue générale montrant le côté tribord. Par convention le côté noble est présenté bordé et accastillé. Le modèle est présenté en cours d’armement, les bas mâts en place, haubanés et étayés. L’ensemble du modèle est laissé en bois naturel, les canons et ferrures noircis à l’acide. Le premier pont n’est pas armé, seuls trois sabords sont ouverts et munis de leurs mantelets, les autres sabords sont condamnés par le bordage. Sur le second pont dix sabords sont armés avec des pièces de 8 livres, les trois autres sabords sont condamnés par des mantelets, un à l’arrière et deux à l’avant.
Le côté bâbord est laissé charpente apparente et pourvu d’ouvertures dans les œuvres vives pour voir les emménagements de la cale d’un vaisseau de commerce de la Cie. des Indes. La coque comporte au total 61 couples, dont les six premiers couples de l’avant sont dévoyés. Le 1ère pont est percé de chaque côte de 13 sabords pour des canons de 12 £, le second est également percé à 13 pour du 8 £.
Anatomie d’un vaisseau de la Compagnie des Indes.
Cette reconstitution est basée sur le principe du Modèle d’Arsenal. (*1) La décision de réaliser finalement le vaisseau de commerce plutôt que le corsaire à partir de la monographie du Bonhomme Richard, n’a été prise qu’après avoir terminé la coque en bois tors. A ce stade de la construction les deux options étaient encore possibles, le percement des sabords de 12 et de 8 respectivement pour le premier et second pont et le déplacement des ouvertures pour les fenêtres des chambres d'officiers logés sous la dunette et du placement de la bauquière qui plonge en avant pour le percement des écubiers ont été les premiers changements effectués en faveur du vaisseau de commerce. L’idée de base était de pouvoir présenter au sein de l’association des Amis du modèle d’Arsenal, côte à côte, le Duc de Duras, vaisseau de commerce de 900 tonneaux correspondant à peu près à la grandeur et à la force d'un vaisseau de guerre de 50 canons, et le vaisseau corsaire rebaptisé pour la cause des insurgent en Bonhomme Richard, nom faisant référence à Benjamin Franklin alors en poste d'ambassadeur auprès de la France.
La facture des modèles d’Arthur Molle tel que le Boullongne ou encore la Belle Poule, le bois de poirier laissé naturel, combiné au métal noirci à l’acide, a été adoptée intégralement pour le Duc de Duras, celle-ci découlant directement des modèles de référence tel que le vaisseau de Pic ou encore le vaisseau à carrosse construit jadis dans les arsenaux de la marine. Le modèle est réalisé à l’échelle du 1/36ème montrant côté bâbord la charpente du vaisseau avec certaines ouvertures réalisées dans la membrure pour montrer la structure et les emménagements intérieurs d'un vaisseau de commerce.
Jean Boudriot a écrit dans la monographie du Bonhomme Richard, qu’il a d’abord fallu reconstituer le bâtiment dans sa version originale, suivant les habitudes de la Cie des Indes. Le travail de préparation effectué par l’auteur m’a servi de base pour la construction du Duc de Duras, vaisseau au commerce de 900 tx. L’étude sur La Compagnie des Indes ainsi que la monographie du Boullongne du même auteur, détaillant tous les plans intérieurs des emménagements d'un vaisseau de commerce de 600 tx. ont été de première utilité pour ce projet. (*2) Vient ensuite la monographie du Bonhomme Richard, vaisseau corsaire et ancien navire de commerce. Elle nous donne le détail de la charpente, accastillage et décor. Cette démarche est à la base de la construction du Duc de Duras, vaisseau de commerce de 900 tx. de la Compagnie des Indes.
Comme déjà exprimé sur la page apprentissage de notre site, Le Vaisseau de 74 canons est la clef de ce modélisme, les plans et dessins en perspective des aménagements, accastillages et ustensiles nous donne un aperçu global de la construction de cette époque. En complément, la lecture de textes anciens et de traités de construction, ont permis de relever certains détails manquant dans cette documentation de base. En parallèle, une visite répétée du Musée de la Marine et l’observation ciblée des différents modèles d’époque, ont été une source de références supplémentaires et ont fourni un complément d’information pour certains détails d’exécution que vous pourrez apercevoir sur ce modèle.
Pour en revenir à la présentation, c’est surtout un reportage photo agrémenté de quelques plans et dessins particuliers réalisés en complément à la monographie du Bonhomme Richard qui ont été effectués tout au long de la fabrication du modèle. Divisé en plusieurs chapitres, le premier donne une vue globale du modèle. On continue chapitre par chapitre, la présentation des différents niveaux du vaisseau en commençant par la cale, endroit sombre malodorant et lugubre pour monter progressivement les étages et terminer sous la dunette montrant cet espace, réservé à l’état-major, relativement luxueux et aéré. Le dernier chapitre traite du décor, quelques photos d’ensemble, suivi du détail des différentes sculptures. Et pour clore cette présentation, en annexe quelques vues de la charpente du vaisseau. J’espère que cette visite guidée, montrant tous les détails intérieurs et extérieurs d’un vaisseau au commerce de la Compagnie des Indes, vous procurera autant de plaisir que j’ai éprouvé en les réalisant pièce par pièce, détail par détail. Cette construction s’est étalée sur plusieurs années, aucun souci de délai et de rendement, n’ont affecté la qualité du travail. Si vous constatez néanmoins des manquements, ceux-ci sont uniquement dus aux limites techniques et artistiques du modéliste. Certaines prises de vues vous donneront l’impression d’être à l’intérieur même du navire, mettez un habit de matelot ou un costume d’officier et vous y serez vraiment. Je vous laisse partir à la découverte du Duc de Duras et vous souhaite une bonne visite.
Alain Wernimont
(*1) Voir notre page Historique
(*2) Voir également le Mémoire sur l'arrimage des vaisseaux du constructeur A. Groignard ou il détaille les différentes classes de vaisseaux de la Cie avec leurs emménagements propres.